Pharmaservices.fr – le premier site français autorisé

Les plus attentifs l’auront sans doute vu, l’Ordre des Pharmaciens a mis en ligne le 26 mars dernier la première liste des sites de pharmacie autorisés à pratiquer la vente en ligne de médicaments. A l’heure actuelle, un seul site la compose, il s’agit de pharmaservices.fr le site de la pharmacie Meunier à Altkirch.

C’est donc l’ARS d’Alsace qui a ouvert le bal en validant un premier projet de vente en ligne: le code des bonnes pratiques se fait toujours attendre.

Le site pharmaservices.fr

Pharmaservices.fr la première pharmacie autorisée

Pharmaservices.fr la première epharmacie autorisée à vendre des médicaments

 

Le site de cette pharmacie est en ligne depuis quelques années déjà (2004-2005), et se limitait jusqu’alors à la vente par correspondance de produits de parapharmacie. Il est hébergé par la société OVH. Comme vous pouvez le voir sur l’impression d’écran ci-dessus, les coordonnées de la pharmacie sont bien mis en avant, on peut également noter que les frais de port sont offerts à partir de la somme de 36 euros (ne s’agit-il pas d’un moyen évitable de pousser à la surconsommation de médicaments?). Le catalogue produit comporte une bonne partie des médicaments d’automédication. Toutefois, il ne semble comporter aucun médicament vigneté. Les pages produits ne sont pas dotées à l’heure actuelle de notice complète. On y retrouve cependant des informations importantes sur les médicaments: indication(s), propriétés, posologie, composition, précaution d’emploi…

Commander des médicaments en ligne

J’ai décidé de tester cette epharmacie de la même manière que j’ai pu le faire pour pharma-gdd.com quelques semaines auparavant. Certains trouveront çà « trop gros » et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

Le site ne respecte pas les doses d’exonération il est ainsi possible d’ajouter d’un seul coup cinq boîtes de Nurofen à son panier par exemple. Lors de ma commande test, aucune information ne m’a été demandée sur mes éventuels traitements en cours ou sur une possible maladie. Le champs « date de naissance » n’est par ailleurs pas obligatoire lors de l’inscription. J’ai simplement ajouté les médicaments dans mon panier puis j’ai été invité à régler ma commande (pour l’occasion: 5 nurofen flash + 6 donormyl + un produit de para – histoire de ne pas payer de frais de port bien entendu). Il ne me reste plus alors qu’à attendre que ma commande passe en « traitement ». En espérant cette fois recevoir au moins un coup de téléphone.

Extraits de la page « information » du site pharmaservices.fr:

La délivrance de médicaments nécessite les conseils d’un pharmacien.

Chaque commande en ligne de médicament est contrôlée par un pharmacien. Au vu des éléments renseignés dans le questionnaire prévu à cet effet, ce pharmacien validera ou annulera votre commande. Le pharmacien pourra aussi vous contacter pour des informations complémentaires avant de valider ou refuser votre commande.

Pourtant je n’ai eu aucun questionnaire de proposé (ni âge, ni poids, ni pathologie, ni médicament). Quelques heures plus tard, je reçois un mail m’indiquant que ma commande vient d’être expédiée  Une fois de plus, aucun contact téléphonique, aucune vérification d’identité…incroyable mais vrai l’histoire se répète.

Mon paquet a été livré 48h plus tard. A l’intérieur, les boites de médicaments et le produit de parapharmacie sont emballés dans un papier cadeau. Dans le colis, se trouve également la « facture ». Sur cette dernière, on peut s’interroger sur la place du donormyl qui est rangé avec les produits de parapharmacie… La facture ne comporte pas le nom du préparateur de ma commande, impossible de vérifier qu’elle a bien été contrôlée par un pharmacien. Aucune mention manuscrite d’ajoutée contrairement au site de la Pharmacie de la Grace de Dieu.

Un cocktail pour passer une bonne St Valentin

Un cocktail pour passer une bonne St Valentin

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En résumé: les limites actuelles du site pharmaservices.fr

Les limites informatiques:

  • pas de vérification d’identité (les sites de paris sportifs exigent l’envoi d’un pièce d’identité)
  • pas de questionnaire médical (et donc pas de recherche d’interactions avec d’éventuels traitements en cours ou une possible grossesse)
  • pas de respect des doses d’exonération (5 boîtes de douze comprimés de Nurofen 400mg d’un coup)
  • pas d’accès aux notices complètes des médicaments
  • des frais de port offerts à partir de 36 euros incitant à la surconsommation de médicaments

Les limites humaines:

  • pas de vérification d’identité
  • commande validée par un pharmacien sans aucune question médicale alors qu’elle comporte 6 boîtes de somnifères et cinq boites d’AINS (je me suis servi d’un prête-nom féminin pour l’occasion – merci chérie).

Pour terminer, tout n’est pas si négatif, en effet pour 1euro50 supplémentaire j’ai reçu mes six boites de somnifères emballées dans un superbe paquet cadeau. Le petit plus qui fera sans doute la différence… 😀

Le petit plus client

Le petit plus client

Comment accéder à la liste des sites autorisés pour la vente en ligne de médicaments?

La liste est mise à jour par l’Ordre des Pharmaciens suivant les accréditations des ARS. Pour y accéder, rendez vous sur la page dédiée au commerce électronique de médicament sur le site officiel de l’Ordre des Pharmaciens:

http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-patient/Commerce-electronique-de-medicaments

(pour accéder directement à la liste actuelle au 26 mars: http://www.ordre.pharmacien.fr/content/view/full/81026)

ps: depuis la rédaction de cette page, la liste a été remise à jour et comporte deux epharmacies de plus.

 

 

 

2 réflexions sur « Pharmaservices.fr – le premier site français autorisé »

  1. Meunier

    Je viens de découvrir votre blog et le post que vous y avez consacrés à notre site pharmaservices.fr.

    Je vous félicite pour votre travail sérieux et même si l’article n’est pas forcément des plus agréable à lire, il reflète un certain nombre de questions que nous nous posons également, notamment parce que, et vous le soulignez très bien dès le début de l’article, nous travaillons dans un flou total, sans règles clairement établies.

    Je m’adresse donc à vous, autant pour éclaircir certains points de votre article que pour vous inviter à contribuer à la définition d’usage en espérant que cette ouverture vous permettra de constater qu’entre la théorie et la pratique il existe des différences qui justifient certaines pratiques.

    Tout d’abord, et même si je sais que cela peut paraître facile à postériori, mais vous avez bel et bien été « victime » d’un dysfonctionnement de notre site internet. En effet, celui-ci, et vous le soulignez dans l’article, est en ligne depuis 2004. Simplement, il est configuré pour la vente de produits de parapharmacie qui ne nécessitent pas de limiter la quantité des produits vendus.

    Nous avons donc été obligés de modifier celui-ci pour mettre en place deux critères techniques supplémentaires.
    – Un premier pour limiter les doses d’exonération.
    – Un second pour qu’un questionnaire s’affiche au moment de la validation de la commande.

    Sur ces points, ne tournons pas autour du pot, le site n’est pas encore opérationnel et notre prestataire se fait un peu tirer l’oreille pour le premier point qui devrait être opérationnel, tandis que je dois avouer avoir du mal à structurer une solution efficace pour le second point au regard des différents cas pouvant se présenter à nos yeux. Je serai ravi de travailler concrètement avec vous sur ce sujet. Vous pourriez alors mesurer à quel point un élément qui semble simple au départ se complique très sérieusement quand il faut le traduire en langage informatique et en procédure.

    Car au problème purement « médical », se rajoutent d’autres questions que visiblement vous n’avez pas prises en compte.

    1 – Confidentialité des données transmises. En tant que pharmaciens nous sommes habilités à prendre connaissance d’informations qui relèvent du secret médical. Or, le simple fait de remplir un questionnaire en ligne engendre :
    – que le questionnaire soit associé à une commande, elle-même liée à un nom, qui pour l’heure peut être un prête-nom ainsi que vous nous l’avez démontré.
    – qu’il devrait transiter via un protocole sécurisé,
    – qu’une procédure d’habilitation à traiter les commandes puisse être mise en place.
    Comment gérer ces problèmes ?

    2 – Personnes concernées. Qui peut nous assurer que les médicaments commandés seront au final destinés à la personne qui commande ? Qui peut nous assurer que la commande n’est destinée qu’à une seule personne ? Quid par exemple d’une famille de 5 enfants avec un médicament pour chacun des membres, et des médicaments pour deux ou trois personnes dans la famille ?

    3 – Sécurité des données stockées. Que faire des questionnaires médicaux qui nous ont été transmis ? Faut-il les conserver dans la commande, les supprimer, les rattacher à une personne, etc. ?

    Vous me direz que nous aurions pu attendre d’être au point techniquement pour nous lancer, mais alors nous n’aurions pas eu la chance d’avoir l’honneur de votre blog 😉
    Plus sérieusement, j’ai décidé de suivre la procédure et d’obtenir toutes les autorisations nécessaires pour vendre les médicaments afin de rendre service à nos clients qui nous le demandaient de plus en plus, mais aussi pour être dans le wagon de tête du train qui se met en marche et qui va bouleverser nos habitudes de pharmacien. Certains de nos confrères, et néanmoins concurrents, sont déjà en ligne sans avoir les autorisations nécessaires par exemple.
    Pour l’heure, j’ai été un peu débordé par le nombre de commandes et de demandes en lignes et je travaille à réorganiser notre pharmacie pour prendre en compte ce nouveau « préparateur en pharmacie » qu’est notre site internet, mais ne pas partir c’était se laisser déborder.

    J’ai déjà plus ou moins abordé le sujet ci-dessus, mais je suis très dubitatif concernant le contrôle d’identité auquel vous semblez tenir. Et vous n’avez fait que confirmer mes réserves puisque, comme vous le soulignez dans l’article avec le clin d’oeil à votre chérie, vous reconnaissez avoir usé d’un prête-nom. Or, pour contrôler l’identité d’une personne, il est impératif d’avoir un contact physique ou une procédure sécurisée, incompatible avec la vente en ligne de médicament sans ordonnance.

    On pourra toujours discuter du bien-fondé de la vente de médicament en ligne et des aléas qu’elle engendre, mais je pense qu’il nous faut aller de l’avant pour lutter contre les officines en ligne qui vendent tout et n’importe quoi depuis d’autres pays, sans souci de qualité ou de prescription adaptée. Bien sûr, nous sommes perfectibles dans la vente en ligne de médicament sans ordonnance, mais n’oublions pas que cette pratique date de seulement quelques semaines et que notre profession n’a toujours pas su fixer un code de bonne conduite.
    La mise en place d’une offre suffisante de musique en ligne a été l’un des premiers vecteurs pour diminuer le piratage. Je pense qu’il en sera de même pour les médicaments.

    Enfin, concernant le paquet cadeau. Il est évident qu’il s’agit là d’un héritage du passé « parapharmacien » du site 😉
    Je pense que vous vous doutez bien que nous n’avons pas l’intention de proposer des colis-cadeaux de médicaments.
    Simplement, dans le domaine de la parapharmacie nous étions souvent sollicités pour expédier la commande sous forme de paquet-cadeau.
    Je regrette que notre préparatrice n’ait pas réagi à l’incongruité de votre demande en prenant le soin de vous téléphoner pour tirer cette demande au clair et je vous présente nos excuses.

    Bref, de tout cela il ressort qu’adapter un site internet marchand aux bonnes pratiques de la vente de médicaments en ligne n’est pas aisé, surtout si l’on maintient une activité de parapharmacie et de pharmacie en parallèlement sur le même site.

    Je vous remercie encore pour le temps que vous avez passé à me lire et je serai ravi que vous acceptiez de collaborer avec nous pour la mise en place d’une procédure qualitative efficace et adaptée à la vente en ligne (adaptée = qui ne fait pas fuir les clients).

    Hubert Meunier
    Pharmacien

    Répondre
  2. Veau

    Bonjour,

    J’ai lu votre article, ainsi que la réponse du Pharmacien en question, avec grande attention.

    Moi-même e-pharmacien depuis le 12 juillet dernier, je suis très sensible au respect d’un minimum de règles concernant la vente en ligne. C’est une partie de l’avenir de notre métier qui se joue là. Et j’avoue être désespéré, inquiet, parfois interloqué, de voir tout ce que l’on peut voir dans ce domaine ! On aurait pu croire que l’on pouvait compter sur les pharmaciens pour profiter de cette nouvelle occasion d’offrir une belle image de leur profession, et bien comme d’habitude, quelques uns pourrissent l’image de tous. C’est dommageable.

    Quand on voit ce confrère d’Alsace prêt à tout (y-compris à ne respecter aucune règle de sécurité élémentaire), dans le seul but de faire la une des médias locaux … quelle tristesse.

    Moi aussi j’ai beaucoup travaillé pour être prêt le 12 juillet. Moi aussi de suis débordé par les commandes. Moi aussi j’ai des préparateurs qui participent à l’élaboration des colis. Moi aussi j’ai de nombreuses commandes farfelues, voire dangereuses. Et pourtant, je suis bien loin de livrer une commande pareille ! Je suis attéré. Et je le suis encore plus par la réponse de mon confrère : il avoue être conscient de ne pas être dans la légalité, mais il continue … au péril de la santé publique. Peut-être attend-il un accident grave ? un mort ? Afin que que les opposés au commerce électronique puissent avoir des arguments valables à nous opposés ? La seule réaction « normale » de ce confrère devrait être de suspendre la commercialisation de médicaments tant qu’il ne peut pas se conformer à un minimum de sécurité :
    – limiter le nombre d’unités par médicaments (il a l’air de dire que c’est impossible, mais il a tort : ça l’est. C’est une question de temps et de volonté)
    – rendre indispensable un contrôle pharmaceutique : comment peut-on développer un nouveau circuit de vente de médicaments, qui plus est ouvert à toutes les dérives, sans faire contrôler les commandes par un pharmacien ?
    – lire attentivement les bonnes pratiques de vente de médicaments en ligne avant de ré-ouvrir son site.

    J’ajoute enfin que je ne crois pas une seule seconde qu’une préparatrice en pharmacie puisse avoir eu l’idée d’emballer du Donormyl et du Nurofen dans du papier cadeau … à moins qu’elle n’ait vraiment envie de massacrer l’image de la pharmacie où elle travaille.

    Les pharmaciens sont en général très forts pour scier la branche sur laquelle ils sont assis. Comment ce confrère va-t-il pouvoir justifier notre monopole pharmaceutique ? Je suis certain que Mr Leclerc se satisfait de ce genre de pratiques : il doit être certain de pouvoir faire beaucoup mieux …

    Pour info, je viens de tester à nouveau ce site :
    – toujours aucun blocage des quantités maximumes autorisées,
    – toujours aucun questionnaire de santé,
    – toujours un résumé de la notice des médicaments (alors que c’est interdit)
    – toujours aucune assurance que le client ait lu la notice
    … je vous en passe, et des meilleures !

    Les bras m’en tombent.

    Bertrand VEAU
    Docteur en Pharmacie
    pas prêt à prendre le moindre risque sur l’autel du business

    Répondre

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